Resumo: | Le objectif de cette présentation est de partager une expérience de prendre soin Humanitude avec une jeune fille de seize ans qui est dans une grande souffrance. Aujourd'hui prendre soin est centré sur le cure. Le professionnel s'occupe de la pathologie et de son traitement. On peut considérer le cure comme un processus unilatéraux, « je te soigne » est égal à « je te guéris ». La croyance de la guérison implique que le soignent pense que lui à le pouvoir de guérir. Pour pouvoir comprendre l'implication de la définition du cure, il faut réfléchir à l'exemple suivante: Deux personnes, avec de caractéristiques cliniques identiques, ont une escarre de même stade. Les deux personnes sont soignées avec les règles de l'art professionnelles actuelles. Une des escarres guérit et l'autre s'aggrave. En centrant le pouvoir sur le soignant, son bien être est dépendent de la guérison de l'escarre. Il se sent très bien lorsque l'escarre guérit et il se sent très mal (culpabilité) si l'escarre s'aggrave. La question importante à se poser est: Est-ce que la guérison appartient au patient ou au soignant ? Pour éviter cette situation, on a inventé la distance thérapeutique: on laisse les émotions à la maison. C'est avec ce principe que le soignant ne va pas s'impliqué dans la relation. Or nous n'avons jamais guéri personne, c'est le malade qui se guérit lui-même, on ne fait que prendre soin de la personne. La cure n'existe pas dans la philosophie de l' Humanitude. Le soignant s'occupe du pathos et prend soin du sain dans les règles de l'art professionnelles. Son métier est d'aider la personne à prendre soin d'elle même, à restaurer sa santé. Le soignant est alors libre d'introduire une dimension affective dans sa relation avec le patient, c'est la distance philosophique. Je viens vous présenter le cas d'une jeune fille de seize ans hospitalisée dans un hôpital pédiatrique depuis 2 jours, avec une rétraction très important de la nuque, causant la bascule en arrière. La cause est inconnue. Les professionnels en administrant des anxiolytiques, des relaxants musculaires et en intervenant avec des manipulations ont agi exclusivement sur le cure. N'obtenant aucune amélioration, le pédopsychiatre lui annonce qu'elle resterait avec cette bascule de la tête et qu'elle pouvait rentrer chez elle parce qu'il ne peut plus rien faire pour elle. Je suis à l'hôpital pour rendre visite à un membre de ma famille et je vois cette situation dramatique. Les parents et la jeune fille pleurent. Ils sont désemparés et ne savent pas quoi faire. Je propose d'intervenir en utilisant la capture sensorielle, un outil de l'humanitude, basé sur le regard, la parole et le toucher. Avec l'application des mécanismes relationnels bien consolidés, je construis la relation pas à pas, selon la description suivante. Les Préliminaires: Je me présente auprès de sa mère, lui dit que je suis infirmière et lui demande l'autorisation de parler à sa fille. Je m'approche de la jeune fille, elle est couchée avec la tête complètement en arriéré. Elle est très agitée, angoissée et elle pleure. Elle se plaint de fortes douleurs dans la nuque. Avec une voix douce, tendre, j'appelle la jeune fille par son prénom, je me présente et que je lui dis que je suis là pour l'aider. Mes mains caressent ses épaules, son dos. Je sens qu'elle est très contractée. Je n'arrive pas passer ma main entre la tête et sa nuque. La position corporelle de la jeune fille, ne permettait pas de la regarder pupilles dans pupilles. Si elle ne me voit pas, sa douleur étant trop intensive, je n'existe pas. Pour chaque action, je vais lui demander son accord (s'assoir sur le lit, baisser le lit,...) je me positionne de façon à capter son regarde avec les caractéristiques du regarde humanitude : axial, proche, et long. Je lis dans ce dernier de la tristesse, de l'angoisse et de la peur. Rebouclage sensoriel: Je continue à lui parler avec une voix douce, apaisante. Je maintiens le regard axial, long et proche. Mon toucher est vaste, permanent et pacificateur. A ce moment, le scénario change et la jeune fille commence se relaxer. Progressivement et lentement, sa nuque se redresse. Je maintiens mon ton de voix et avec un sourire je lui dis " tu vas y arriver, tu as la tête presque droite! Tu as la tête déjà droite! Excellent! Tu es fort, tu vas y arriver! Je suis très contente de voir que tu y arrives!" Consolidation émotionnel: La jeune fille s'est redressée, tient sa tête droite et crie que c'est incroyable. Je lui explique que ce n'est pas moi qui ai fait cela, c'est elle. En pleurs, la jeune fille, avec un grand sourire, me remercie. Elle pensait qu'elle allait rester ainsi toute sa vie. Dans cette situation de soin, pour laquelle je ne savais absolument pas ce qui allait se passer, en utilisant la capture sensorielle, outil de la méthodologie de soin Gineste Marescotti, j'ai recréée un lien humanitude avec la jeune fille. Elle n'a plus subi la situation, elle s'est retrouvée acteur de son soin. C'est comme cela que j'ai pu lui demander d'utiliser son potentiel, ses forces vives. Cette situation m'á prouvée et convaincue que c'est la personne malade qui a le pouvoir, pas nous... les soignants.
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