Summary: | Dans ce texte portant sur la notion d'amitié dans une prison féminine sont évoqués non seulement des couples d'amies mais aussi des couples homosexuels et, pour finir, des paires ou des couples pseudo-homosexuels. En effet, ces trois types de dyades forment comme un système dans la sociabilité carcérale, dont ils constituent d'ailleurs les noyaux les plus importants. L'amitié ne peut pas être comprise sans leur faire référence, étant donné que dans les représentations produites par les détenues s'observe un glissement constant entre les trois, dans un jeu de définitions et redéfinitions que permet un contexte d'ample ambiguïté. Ces classifications variables ou fluctuantes d'une même pratique ou d'une même relation sont manipulées par les détenues de sorte à affirmer leur démarcation par rapport à un monde qu'elles sont les premières à stigmatiser. C'est cet enjeux identitaire -- c'est à dire, grosso modo, le refus d'une identité déviante qu'on attribue pourtant aux autres, du simple fait de leur réclusion -- qui non seulement fait que l'amitié soit cachée sous plusieurs voiles ou dévalorisée par sa réduction dans le discours à une simple camaraderie, mais encore, lorsqu'il est question des coprisonnières, entraîne l'assimilation de leurs relations d'amitié à l'homosexualité.
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