Summary: | Deux ensembles de données ethnographiques très hétérogènes traitent, l'un, de la recherche des eaux souterraines par les sourciers et, l'autre, de la gestion des odeurs corporelles dans une prison féminine portugaise. La coupure entre l'extérieur et l'intérieur de la prison passe notamment par un ordre synesthésique particulier, marqué par l'excès ou le défaut, tous deux vécus négativement. Et si l'eau est supposée être inodore, il arrive que des sourciers disent la « sentir ». Par delà sa polysémie, ce terme pointe vers les difficultés d'une « anthropologie des sens ». Car si l'expérience sensorielle des prisonnières est plus ou moins accessible à l'ethnographe, celle des sourciers peut lui échapper. Comment décrire une expérience sensorielle, notamment olfactive, non partagée ? Dépassant l'analyse de la variabilité culturelle des « odeurs », une anthropologie osmologique doit aborder à la fois l'« odorat » et l'acte de sentir en les situant dans l'ordre corporel et synesthésique.
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