| Resumo: | Si l’une des particularités de la nostalgie consiste en sa nature plurielle, en la multiplicité tant de ses manifestations que de son objet, au point que Stuart Tannock et Nancy M. West, empruntant la célèbre formule de Raymond Williams, ont préféré parler d’une « structure de sentiment », il est peut-être possible d’esquisser la forme d'une telle structure. En m’appuyant sur une sélection de textes, et donc sans prétendre offrir un passe-partout interprétatif du phénomène nostalgique dans toutes ses expressions, le but de mon article est de montrer la nature elliptique (le mot est à entendre pas tant, ou pas seulement, dans son sens rhétorique, mais surtout dans son sens géométrique) de ce sentiment. Chacun de nous est le centre de l’horizon de sa propre vie, le point focal où convergent les lignes de son rapport au monde. La nostalgie vient perturber ce cercle d’horizon ou, plus précisément, elle vient en signaler la perturbation : le centre se dédouble en deux foyers, le cercle se fait ellipse. C’est la condition du héros nostalgique le plus classique, Ulysse, et c’est aussi la structure qui me semble sous-tendre les poétiques des trois poètes du XXe siècle : Seamus Heaney, Claude Esteban et Giorgio Caproni.
|
|---|