Resumo: | Depuis le milieu des années soixante-dix, la « New Economic Sociology » a été amenée à considérer de près le fonctionnement des marchés, domaine jusqu’alors quasiment réservé à la discipline économique car, malgré l’importance de ce fait social (Orléan 2005), les sociologues ne se sentaient pas une légitimité suffisante pour intervenir sur ce domaine. À côté de la dynamique propre aux Etats-Unis (Guillén 2002 ; Swedberg 2003), il existe aussi en Europe un intérêt marqué pour l’approche sociologique des marchés et notamment en France (Steiner 1999, 2005b ; Convert 2004). L’objet de ce texte est de présenter les résultats saillants de la sociologie économique des marchés depuis deux décennies. On espère ainsi montrer qu’il est possible de relever le défi contenu dans une célèbre affirmation de Joseph Schumpeter, c’est-à-dire qu’il y à l’œuvre une fertilisation croisée entre les deux disciplines après de nombreuses années de spécialisation associée à une ignorance mutuelle. Dans la période actuelle, une spécialisation toujours accrue demeure au sein de chaque discipline, ce qui obvie au risque que redoutait Schumpeter ; mais la fertilisation croisée n’est plus de l’ordre de l’injonction, ou, si injonction il y a, elle n’est plus qu’à se rendre compte d’un nouveau régime de fonctionnement de la recherche en sciences sociales (Gibbons 2005), quand bien même ce régime ne concernerait qu’une petite minorité de chercheurs au sein des deux disciplines (Baudelot & Mairesse 2005)..
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