Summary: | Lorsque je rencontre Cindy en 2010, elle est à la retraite et depuis longtemps « sortie » du travail de « jeune fille au pair », expression pudique pour désigner la condition de bonne à tout faire. Elle relate ici son expérience passée comme employée de maison logée et nourrie alors qu’elle vient d’arriver en France : nous sommes dans les années 70, Cindy a 21 ans et elle a quitté l’Île Maurice pour fuir des contraintes familiales. À l’instar des 50 femmes migrantes de mon enquête de terrain, réalisée dans le contexte de ma thèse de doctorat, de 2011 à 2014 à Paris et à Poitiers (Le Petitcorps 2015), Cindy décrit l’exploitation vécue, de manière temporaire ou durable, dans le travail de service à l’intérieur de l’espace domestique d’autrui : à savoir un travail presque gratuit, sans limites de tâches ni de durée. Son récit met en scène la « patronne » en tant qu’agente centrale de l’exploitation de l’employée à domicile, dans un contexte d’emploi informel où la primo-arrivante est particulièrement vulnérable. Cindy mentionne aussi deux exploitations distinctes de son point de vue : celle du service domestique chez autrui et celle du service à son mari.
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